Introduction
Si vous avez déjà passé des vacances à la côte belge, il n’a pas pu vous échapper : le tramway qui sillonne la côte de De Panne à Knokke en passant par toutes les stations balnéaires sur un itinéraire de près de 70 kilomètres.
Doté aujourd’hui de toutes nouvelles rames articulées, son avenir semble bien assuré !
Partons à la découverte de cette ligne unique, véritable attraction touristique en plus d’être une solution durable de mobilité.
Petit historique de la plus ancienne ligne de tramway de Belgique
une rame typique des années 1970 le long de la digue de mer à Raversijde - collection personnelle, auteur inconnu
Malgré un réseau ferré déjà très dense, l’état belge crée la Société Nationale des Chemins de fer Vicinaux en 1884 afin de doter de lignes de chemins de fer légères là où le « grand » chemin de fer n’est pas la meilleure solution. Comme pour le réseau ferré, de nombreuses lignes vicinales seront construites à l’origine avec des capitaux privés mais progressivement, la S.N.C.V. reprendra l’exploitation qu’on appelle ici en « régie ». Tout comme sa grande sœur, la SNCV dotera la Belgique du réseau de trams le plus dense au monde !
Des projets existaient déjà depuis 1875 mais aucun projet n’aboutit et il faut donc attendre le 5 juillet 1885 pour voir circuler le premier tram vicinal à vapeur entre Oostende et Middelkerke. Dix jours plus tard, la ligne était ouverte jusqu’à Nieuwpoort. Il s’en est fallu de peu pour que la première place soit ravie par la ligne Antwerpen – Hoogstraten (inaugurée en août 1885).
Motrice BN allongée d’une caisse centrale à Oostende Station
Cette première ligne ne circulait pas le long du littoral mais par les villages plus à l’intérieur des terres. Elle fut prolongée de Nieuwpoort à Veurne l’année suivante.
La même année, en 1886 donc, la « compagnie du tramway électrique Ostende-Littoral » est créée et un peu plus tard, le Colonel North, un anglais sollicite l’autorisation d’exploitation entre Oostende et Westende par le bord de mer. La SNCV, y voyant une concurrence inadmissible, s’y oppose et après moult tractations, un accord est trouvé… en 1896. La construction durera huit ans. La ligne est mise en service en 1904 et dès 1905, la SNCV en reprend l’exploitation à la compagnie du tramway électrique Ostende-Littoral. Un service électrique est organisé de bout en bout (de Westende à Blankenberge) en traction électrique.
Le long de la digue de mer peu avant d’arriver à Middelkerke
De la ligne des villages, plusieurs lignes à voie étroite et à traction hippomobile sont construites pour relier les stations balnéaires de Koksijde et de St-Idesbald. La SNCV voyant d’un mauvais œil tous ces opérateurs privés, établit un plan qui prévoit de transformer ces lignes en ligne à voie métrique (écartement standard de la SNCV) et ainsi, en 1914, De Panne est reliée au reste de la ligne d’Oostende.
Il faut attendre 1928 pour voir la section Westende – Nieuwpoort par le littoral mise en service.
Un an plus tard, la section Nieuwpoort-Stad – Nieuwpoort-Bad – Oostduinkerke est inaugurée et permet ainsi une liaison Oostende – De Panne en continu.
De l’autre côté d’Oostende, une ligne est mise en service en 1886 entre Oostende et Blankenberge également via les villages entre Oostende et De Haan. Il faut attendre 1908 pour voir la section Blankenberge – Heist mise en service. Une ligne plus proche du littoral sera construite ultérieurement et remplacera définitivement l’ancienne ligne dans les années 1950.
Motrice BN avec face avant modifiée - le coupleur a été supprimé, il représentait un danger mortel lors de collisions, trop fréquentes avec des véhicules routiers - Middelkerke De Greefplein
A partir de 1890, Knokke est, quant à elle, desservie par par le tram depuis Brugge, tout comme Heist. La petite ville néerlandaise de Sluis est atteinte par une antenne de cette ligne Heist – Knokke – Westkapelle – Brugge. En 1901, une ligne urbaine est inaugurée entre la gare et le centre de Knokke en traction chevaline. Plus tard, en 1929, cette ligne sera remplacée par un tram électrique et prolongée jusqu’à la frontière néerlandaise d’où les voyageurs pouvaient prendre un autre tram, néerlandais celui-là, jusqu’à Breskens.
Reste la section De Panne – Adinkerke gare qui fut d’abord exploitée de manière privée en traction chevaline à partir de 1901. A noter qu’à partir de 1894, le transport des voyageurs arrivant par le train sont transportés à la plage de De Panne (qui n’est qu’un hameau) par les bon soins de Madame Terlinck, une pionnière du tourisme à De Panne. La SNCV reprendra, en 1932, à son compte, électrifiera et mettra à l’écartement métrique la ligne à traction chevaline entre De Panne (devenue une commune à part entière en 1911) et Adinkerke-Station. Cette ligne portera le n° 13, puis 14 et enfin 21 au gré des modifications du réseau de la côte belge. En 1955, le tram cède la place à l’autobus et il faudra attendre 1998 pour revoir le tram en gare de De Panne !
La motrice 6102, prototype à trois caisses d’origine, était normalement destinée au réseau de Charleroi, elle est bi-directionnelle contrairement aux motrices de la côte
Du côté de Knokke, la ligne urbaine sera déjà amputée du trajet du Zoute à la frontière en 1939 et finalement remplacée par autobus sur tout son parcours dès 1951. La ligne vers Brugge subira le même sort en 1956.
En 1956, la ligne de la côte est numérotée : 1 de Knokke-Zoute à Oostende et 2 de Oostende à De Panne. En 1964,la section du Zoute à la gare sera supprimée.
Motrice non encore allongée et livrée publicitaire à Middelkerke Casino, un site qui a bien changé aujourd’hui
A noter que les lignes par les villages ont été supprimée progressivement et remplacées par autobus dès 1939 pour certaines sections. On retiendra aussi qu’Oostende a eu un réseau de lignes urbaines jusque dans les années 1950.
Au fil des années 1960, la modernisation de la route royale, les travaux du port de Zeebrugge entraîne modification de tracé et déplacement des voies un peu partout pour donner progressivement à la ligne sa configuration actuelle.
Depuis 1991 et la régionalisation du transport secondaire (trams et bus), c’est De Lijn, la société flamande du transport par tram et bus, qui exploite la ligne du tramway de la côte. La numérotation a fait place aux lettres « KT » comme indice.
Fin des années 1970, il reste deux réseaux de tramways vicinaux en Belgique, à la côte et dans la région de Charleroi. Tous deux sont relativement vétustes tant au niveau de l’infrastructure que du matériel roulant. A Charleroi, un réseau de Métro Léger, des tramways en site propre en fait, est en cours de construction et de nouveaux véhicules seront nécessaire pour son exploitation. Ainsi vont naître les motrices BN (construites par BN – Brugeoise et Nivelles – et ACEC) pour ces deux réseaux subsistants.
Exit donc les anciennes motrices S et remorques standard dont certaines sont âgées de plus de quarante ans et place aux motrices articulées BN qui vont prendre le relais dès le début des années 1980 et ce jusqu’en septembre 2023 où elles ont cédé leur place au nouvelles rames CAF.
Une des nouvelles motrices CAF à Middelkerke Casino
En 2025, le tram de la côte fêtera ses 140 ans !
Bibliographie
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Lignes de la côte, R. Dieudonné – Tram Magazine 41/48 – Amutra, Bruxelles, 1986-1987 (l’ouvrage le plus complet)
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Cartes Postales – Tramways – Littoral, Rétro Editions, Bruxelles, 1998
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100 Years of the Belgian Vicinal 1885-1982, W.J.K. Davies, LTRA, Broxbourne, 1985 (L’ouvrage de référence sur les tramways de la SNCV)
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